L'introduction de la trithérapie hautement active (HAART) a permis une prolongation de l'espérance de vie des PV/VIH ; mais a multiplié le risque de ces patients de présenter d'autres affections, notamment rhumatologiques.L'objectif de ce travail a été d'étudier les aspects épidémiologiques des principales atteintes rhumatologiques observées chez les patients VIH + recevant un traitement HAART dans une unité de prise en charge en Afrique subsaharienne.
Il s'agit d'une étude transversale prospective menée du 1er janvier 2008 au 30 juin 2008 soit une période de six (6) mois dans l'unité de prise en charge des personnes infectées par le VIH du service de médecine interne du CHU-YO. Tous les patients bénéficiant d'un traitement ARV depuis au moins un an, reçus dans le cadre du suivi thérapeutique pendant la période d'étude, ont été inclus dans l'étude. La radiographie du bassin n'a pas été systématique. L'ostéodensitométrie n'a été réalisée chez aucun patient.
Trois cent soixante six patients dont 266 femmes et 101 hommes soit un sex ratio de 0,38 ont été inclus. L'âge moyen des malades était de 39,61± 8,54 ans. L'indice de masse corporel moyen était de 22,76 kg/m2. Trois cent trente cinq patients étaient positifs au VIH1 (91,5%). La durée moyenne du diagnostic de l'infection était de 3,58 ± 1,88 an. Le taux de CD4 moyen était de 394,20 cl/µl ; 285 malades avaient une charge virale récente indétectable chez 262. La durée moyenne du traitement ARV était de 35,80 ± 15,17 mois. Les protocoles les plus utilisés comprenaient 1 inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse et 2 inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse. Soixante et un patients (16,66 %) avaient reçu des inhibiteurs de protéase (IP). La prévalence des manifestations rhumatologiques sous ARV était de 5,73 % (21 cas). Il s'agissait essentiellement de lombalgies communes (8 cas : 38,1%), d'arthralgies (4 cas dont 2 sous IP), deux patients avant une gonarthrose, deux cas de mal de Pott. Il faut également citer deux cas ténosynovites de De Quervain dont un traité par IP, un cas de tendinite de l'épaule chez un patient sous IP, un cas de goutte non tophacée chez un patient également sous IP et 1 cas de rhumatisme inflammatoire inclassable. Il n'y a pas été rapporté de cas d'ostéonécrose ni d'ostéoporose symptomatiques.
Les manifestions rhumatologiques sont peu fréquentes chez les patients HIV + bénéficiant d'un HAART ; les affections mécaniques semblent être fortuites. La faible utilisation des IP dans les protocoles africains pourrait expliquer l'absence de formes symptomatiques d'ostéonécrose et d'ostéoporose.